Les amoureux de la lecture

Les amoureux de la lecture

Une si longue histoire de Andréa Lévy


 

Résumé :

July, poussée par son fils imprimeur, commence  le récit de sa vie en Jamaïque du temps de l’abolition de l’esclavage. Elle est la fille d’une esclave qui travaille dans les plantations. C’est alors que la sœur du planteur s’éprit de cette enfant joueuse et farceuse et la prend de sa mère pour la faire travailler comme sa servante. A partir de ce moment, July  devient une domestique obéissant aux ordres de sa tyrannique Maitresse. July a 14 ans quand la révolte des noirs éclate, en 1831. Malheureusement, elle est témoin des punitions puis victime de la société. Etant donné qu’elle est incapable d’élever son fils nouveau-né, elle est obligée de le donner à un pasteur…

 

Mon avis :

J’ai beaucoup de mal à classer ce livre, à la fois document historique, saga familiale, comédie dramatique… Un peu de tout cela compose une si longue histoire  et c’est grâce à ce mélange des genres  et au style confidence du texte qu’André Lévy en a fait un très bon roman, bien rythmé. Vous y trouverez forcément quelque chose qui vous touche et en ressortirez avec une note d’optimisme malgré la gravité du sujet.

L’auteure a misé sur un style direct et, à travers le récit et les mots de son personnage, elle emmène le lecteur dans une partie de l’histoire coloniale britannique peu connue : l’abolition  de l’esclavage et surtout le période d’adaptation qui a suivie. De façon directe, parfois très poétique, mais toujours naturelle, July, ancienne esclave jamaïcaine écrit l’histoire de sa vie. Le lecteur est très vite entrainé dans le texte, l’histoire et dans la vie du personnage qui n’est pas uniquement le protagoniste mais également la narratrice.

C’est un roman que j’ai trouvé très intéressant. Le vrai travail de recherche d’André Lévy offre un récit fourmillant de détails. On est transporté en pleine Jamaïque du XIXème siècle. On en apprend d’avantage sur la révolte de 1932, l’abolition de l’esclavage l’année d’après, et surtout sur la période d’adaptation et d’apprentissage durant les années qui suivirent. Le récit n’est pas toujours drôle, même parfois dur, mais le personnage de July a un style direct et ce brin d’optimisme qui font sourire le lecteur. Son ton naïf mais perspicace fait de ce roman un savoureux mélange de tragique et de comique. Bien qu’il s’agisse d’un sujet grave, on ne tombe pas une seule fois dans le pathétique.

André Levy apporte aussi un regard très subjectif sur l’époque : avec son personnage fictif qui évolue dans ce contexte historique réel, l’auteure met en avant les problèmes des minorités de l’époque : rivalités entre les différents esclaves (domestique et travailleurs des champs) et entres les différents noirs où les plus pâles sont considérés comme supérieurs, se rapprochant du modèle blanc !

 

On oscille entre l’horreur et le rire, ce qui fait de ce livre un roman chargé d’émotion, drôle et poignant.  Une si longue histoire  est un roman captivant, rythmé, difficile à lâcher. Même si on est loin du personnage principal (culturellement et historiquement parlant) on s’y attache et on arrive très vite à s’identifier à elle, à ressentir ce qu’elle éprouve. On avance très agréablement car le drame historique est ponctué d’anecdotes cocasses, de scènes pleines d’humour à la limite de l’ironie et de figures de styles qui dédramatisent le récit en le rendant plus positif, surtout de la bouche d’une des victimes de cette époque. July n’est ni bonne ni mauvaise, ni révoltée ni totalement soumise. Humaine, elle tente de s’en sortir tout simplement. Andréa Lévy met en avant les réalités de la colonisation et surtout le courage d’un peuple. Une belle leçon de vie !

 



15/04/2012
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